Mon bouquet de pensées
L’asphalte noir fait semblant d’ignorer
Le bruit sourd de mes réacteurs
J’avance plus vite
Vers ce soleil où je dois brûler,
Sur le siège, prés de moi
J’ai posé ce bouquet de pensées,
Dans le livre des cartes,
Comme en herbier,
Sèchent mes peurs.
Mes tarots inversés je les ai vus,
Les yeux cramés par la nuit noire,
Cherchant une réponse
Aux lèvres de mon Sphinx
Je restais suspendu
Quand le divinatoire cristal
Me criait de m’enfuir.
Je plonge vers l’inconnu,
Mais le temps m’est compté,
Déjà l’enfant est froid
Et traverse l’oubli.
Les larmes s’accrochent,
Râpent ma joue mouillée,
D’un revers arrachées,
Je les crache au néant.
L’amour est là,
Plus tard, lointain
L’amour est là,
Glacé au creux de mes mains.
Mon monde s’effrite,
Dégringole lentement,
Monochromie grisâtre,
Il meurt sans couleur.
Qu’y puis-je
Moi le lucide passant ?
Quand, puissante,
Tu m’accables de cette laideur.
Je fonce, je fonce les yeux fermés
Je fonce, m’enfonce dans ma nausée.
Soudain la mer se dresse dans le soleil
C’est la fin d’un rêve sans sommeil.
La toile se tend, se peint de bleu
Le bleu s’envole et se répand.
Mais le blues reprend de la hauteur,
Des nuées de notes noires
Piétinent ma vie pour toi,
Toi qui es là, unique et blanche.
En cet instant je te déteste, je te maudis.
Tu sais trop bien ma folie
Que nos destins
Sont enchaînés,
Que nulle part
Je n’aurai de salut.
Tu es là dans mon corps,
Sous ma peau,
Dans mon premier cri,
Mon premier sursaut
Tu es là répugnante,
Etalée sur mon âme.
Et je sais que tu guettes l’instant,
La minute, la seconde
Quand, las et fatigué,
Je baisserai mes armes,
Et que je t’offrirai
Mon bouquet de pensées.