Silhouettes d’un rêve
Par delà le vieux mur dominé par les Cieux
Une plaine désolée qui ne voit plus passer
Que quelques rares corneilles aux plumes décolorées,
Où la terre arasée a perdu la Mémoire
Des saisons disparues qui s’y sont succédées;
Oubliés les labours, les semailles et les blés.
La vie y était pleine de l’imbécile Espoir
Qu’affichent les amants dans le regard aimé,
De cet air triomphant que ponctuent les baisers.
Mais combien ont perçu dans ce bonheur Précieux
La traitrise des jours qui passent sans pitié
Et effacent le temps de l’amour murmuré ?
Par delà le vieux mur je te rêvais, le Soir,
Parmi les fossoyeurs dans leur repère exsangue,
Balançant des pourquoi sur des ailes boomerang.
Car moi en ces temps là je maudissais les Dieux
Et me glissais transi sur le marbre gelé
Tel un ange déchu sur la pierre gravée,
Offrant mon corps blessé à la mort Victorieuse
Et bénissant l’hiver et son mortel ennui
Qui descend sur la vie dès que tombe la nuit.
C’est là bas que reviennent, en escortes mouvantes,
Les silhouettes tremblotantes de mes rêves mourants.
Me suivant pas à pas pareilles aux feux follets,
Elles surveillent mon errance en cortèges accablés.
Ce sont ces petites vieilles endeuillées par les guerres,
Qui racontent et racontent le bon temps de naguère,
Où encore ces bigotes haranguant mes misères
Et encore et encore que je me désespère,
Qui, quand elles sont lassées de mon âme contrite,
S’approchent un peu plus près reluquant ma folie,
Appuient encore une fois sur mon cœur souffrant
Et s’éloignent voutées dans les aurores givrantes.
14 commentaires »
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Que tu me fais plaisir , enfin tu t’y remets
La forme poétique plus scandée plus nourrie
Donne un coté vieillot mais peut être moins libre
Ca balance en effet, et va bien sur le texte
Nostalgique s’il en est, mais qu’importe il est là !
En reve on ne peut voir que simple silhouette
Qu’importe les corneilles aux plumes décolorées !
Merci pour cet ecrit, merci cher Ruegy .
Tu ne « publies » pas souvent mais quand tu le fais ce ne sont pas de vaines aventures.
Ton texte me touche
J’avais lu , déjà …alors que personne n’était encore venu …
J’ai trouvé que tes » ennemis » ressemblaient tellement aux miens , les étriqués et les bigots et …l’ ennui …la lassitude …
Au – delà des souvenirs , je sens comme une envie de découvrir des nouveautés …des trucs recherchés depuis longtemps et qui tardent à venir …
Félix, je me suis rendu compte que j’aimais beaucoup la rime et même l’alexandrin. Je reconnais que c’est un peu vieillot, comme tu dis, mais aussi étonnant que cela puisse paraitre, le fait de m’appliquer dans les rimes et le rythme laisse mon esprit complétement libre. ça permet aux idées et aux mots de venir d’eux mêmes sur le papier. Enfin, c’est l’impression que j’ai, j’analyse pas trop
Merci la sénégauloise Involontairement ces poèmes sont toujours un peu dramatiques. Le style y est peut-être pour quelque chose. Bises Ptitbouchon.
Chris, je crois que mes véritables ennemis, ceux qui peuvent m’atteindre, sont l’ennui et la routine. Les bigots et autres bien pensants ne me touchent plus. Surement un des avantages des années qui passent. Mais j’ai beau être occupé toutes les journées de toutes les semaines, l’ennui est vraiment là, dans ma maison, et je dois le combattre et vaincre, sinon à quoi bon…
Bises et retourne vite à ta peinture
Silhouettes tremblotantes de mes rêves mourants…
Je les ai regardées un moment.
Et puis je suis partie sans plus rien dire.
Elles ne tremblaient plus.
Qu’as-tu fait de tes rêves ?
Je les espérais morts et enterrés mais ils sortis de leurs tombes et je le regrette car ils ne pourront pas se réaliser sans souffrance. C’est souvent plus simple de vivre sans rêves même si je ne suis pas certain que vivre soit le bon verbe à employer.
Votre plume est toujours aussi agréable à découvrir.
Au plaisir de vous lire.
EvelyneJ
Merci pour votre passage ici et le petit commentaire qui me touche.
L’ennui se niche au fond de soi quand on a perdu le sens de la vie, sournois lui, mauvais ami, pas une once de confiance !!!!!!!!!!
Et on ne s’aperçoit pas immédiatement que la vie à perdu son sens. Comment faire, chercher au hasard ou tenter un retour sur ses traces en espérant trouver le moment où les routes ont divergé ? L’ennui : c’est quand on ne sait pas répondre à cette interrogation.
J’aime bien les ailes boomerang. N’est-ce pas l’assurance d’aller quelque part tout en étant sûr de revenir à son point de départ ?
Oui c’est l’avantage et l’inconvénient du boomerang. Tout dépend de ce qu’on place sur les ailes, quand ce sont de tristes pensées elles finissent toujours par revenir.
et qu’est ce qu’on fait quand on veut se débarrasser d’un boomrang ?
on le lance ???
On le lance et on court très vite dans la même direction
L’alexandrin me plaît, il convient à mon souffle.
Mieux que la rime je lui préfère le rythme
Et lorsqu’il est boîteux voilà que je m’emballe
Comme un cheval fougueux je perds toute mesure
je ne changerai rien le fond est si profond
Mais j’ai trouvé ceci pour la rime et le rythme.
« à la mort Victorieuse » au trépas Victorieux ?
Merci pour l’émotion qui émane de toi.
Mireille
La sonorité de la mort victorieuse me plaisait plus : »Offrant mon corps blessé à la mort Victorieuse » et ça m’évoque une image plus explosive. Dans la mort Victorieuse je vois la faucheuse levant les bras vers le ciel en signe de victoire dans un mouvement de puissance tandis que le trépas serait plus rampant, quelque chose qui t’attrape, te plaque au sol pour t’emmener sous terre, pour lequel la victoire est plus obscure.
Merci pour ton petit mot ici, tu es toujours la bienvenue.